L’ÉCOLE DE THÉÂTRE POINT FIXE – LES TERRITOIRES DRAMATIQUES

Nous n’avons pas à nous interroger avec angoisse sur la manière d’entrer en scène, il suffit d’entrer avec plaisir ! Jacques Lecoq
C’est le désir de mieux comprendre le monde et se connaître qui amène  l’acteur  à « jouer ». Notre démarche est de l’accompagner dans l’expérience  du jeu  et de la connaissance de soi.

Enseignement

Nous plantons les racines du jeu théâtral à partir de la préparation physique et la pratique de l’improvisation. Une liaison constante unit ces deux aspects.Il s’agit par la technique corporelle de préparer le corps humain à recevoir et donner, rendre l’acteur disponible, prêt à jouer. La pratique de l’improvisation lui apprend les règles qui régissent tout spectacle.

Entraînement énergétique corporel dont l’enseignement est issu des recherches d’Etienne Decroux et de Thomas Leabhart : respiration diaphragmatique, assouplissement dorsal, tonicité du centre de gravité (sacrum /nombril/colonne vertébrale), prise de conscience de la verticalité, initiation aux dynamiques de la marche, écoute sensorielle.
Des jeux collectifs, jeux d’enfants, suite de la préparation énergétique introduisent l’acteur à l’improvisation par la découverte et l’apprentissage des règles basiques du jeu dramatique.

Pratique de l’improvisation
Nous partons de situations simples tirées de la vie – l’acteur se révèle à lui-même par rapport à ses appuis sur le monde extérieur- pour aller vers les structures du jeu dramatique.
Les notions que les élèves y découvrent et apprennent au long de l’année sont les suivantes :

  • l’entrée en scène, « l’élan de jeu »
  • le plaisir
  • la complicité avec son/ses partenaire(s) et le public
  • l’écoute
  • la transmission du jeu : le principe majeur/mineur
  • la voix pour ouvrir l’imagination de l’acteur
  • la relation entre les acteurs /personnages par l’équilibre du plateau
  • le rythme/espace /temps

Comment entrer sur le plateau, respirer, créer un espace dramatique, une relation avec son partenaire et avec le public ? quelle voix utiliser ? Autant de questions posées sur le plateau en vue d’accéder à un « jeu poétique ». Plaisir, élan de jeu, complicité, générosité, imaginaire sont les mots les plus prononcés.

La parole et le texte en scène.

Après l’expérience du masque neutre l’élève est prêt à jouer les héros dignes qui s’en vont vers leur destin sans osciller.

Point fixe, aura, voix, le comédien rayonne sur le plateau, il est aussi grand, terrible et puissant que ZEUS, le public tremble et compatit.

« Quand les bouffons débarquent dans un théâtre, pour dire la vérité du diable, le libérateur, ils ne jouent pas le personnage d’un salaud, ils le parodient, imitent de façon grotesque ou dérisoire les travers du mec ou de la rombière… Une joie absolue enivre l’âme du bouffon qui parodie sur la scène. La parodie arme des pauvres, des bannis qui en chient des vertes et des pas mûres ! Légère comme une plume, hardie comme une mitraillette elle exécute les tourmenteurs virtuellement. » Philippe Gaulier

Approcher le bouffon c’est se permettre de franchir les frontières de la bienséance, du politiquement correct, du qu’en dira-t-on, pour se moquer de la société dans un jeu parodique, par des propos décapants et dénoncer les absurdités des relations humaines.
Une occasion offerte aux acteurs de libérer corps et paroles, de traverser leurs peurs, d’affirmer une parole personnelle, contestataire (Qu’est-ce-qui me révolte ? Quelles sont les absurdités et les injustices que je veux raconter ?) et dévoiler leur humanité…

Enseignement

  • Entraînement corporel en vue de se rendre disponible pour soi et ses partenaires.
    Relaxation active et travail de conscience de soi, de présence à soi-Assouplissement et force corporelle-Les marches, chutes et relèvements – Les techniques d’imitation- Les vitesses et l’immobilité.
  • Jeux d’enfants autour de la notion du groupe pour renforcer la complicité, l’écoute, l’attention permanente à ce qui se joue autour de soi, la réactivité inventive, la présence, l’ esprit de jeu, de complicité, d’humour, d’audace, de plaisir.
  • Improvisation. Les élèves se travestissent en enfants et jouent en bandes des scènes de la vie quotidienne liées à l’enfance.Il n’y a pas plus enfant que le bouffon et pas plus bouffon que l’enfant. Ensuite, ils créent des costumes qui les rendent méconnaissables par les déformations opérées sur leur corps, un corps de bouffon bouffi et gros.Le corps entier devient masque, cette transformation corporelle rend les acteurs plus libres.Ils osent faire  des choses qu’ils n’auraient jamais osé faire  avec leur corps.Ils parodient, se moquent, expriment toutes les vérités, même les plus indicibles.

« Les misères pécuniaires et spirituelles ont stylisé l’art du mélodrame. Des grands sentiments réclament des grands gestes. Des grands sentiments réclament une technique avec laquelle l’acteur s’amuse. Celle-ci est le garde -fou de ceux-là ».
Philippe Gaulier

Le mélodrame raconte la vie misérable du Peuple de Paris, l’injustice qu’il subit, la misère qui le dénature et l’acteur est fier de ce qu’il joue.
Mais comment jouer les grands sentiments la haine, la trahison, l a vengeance, la cupidité, la jalousie, l’effroi, le chagrin, le désespoir, l’honneur, la bravoure avec sincérité et en vérité ?
La technique est un savoir-faire pour créer son propre univers dramatique et se préserver du pathos qui pourrait prendre la place dans son jeu.

Enseignement

  • Entraînement corporel : Éveil organique et sensoriel par la relaxation active et la respiration-assouplissement corporel -travail sur le rythme au travers des marches- initiation aux notions du mouvement- recherche corporelle sur les verbes d’action.
  • Technique mélodramatique : « Comment entrer sur scène, avoir une tenue « à la hauteur de la situation, » utiliser la lenteur comme moyen pour dramatiser la situation, avoir la voix de la situation, jouer avec le Point Fixe, amplifier ses gestes, être de connivence avec les Enfants du Paradis ? »
  • Jeux divers : Créer un esprit de groupe, aiguiser son goût du jeu ,son inventivité, sa malice, comme les enfants.
  • Improviser : Les acteurs se costument en s’inspirant de l’époque de Victor Hugo. A partir de situations extraites d’une œuvre de Victor Hugo et jouées l’acteur éprouve sa technique, le plaisir d’être libre dans son jeu et sa capacité à émouvoir le public.

« On ne rit pas de soi mais avec soi. Le clown est un être autonome déjà présent en nous. Totalement autre mais totalement soi-même. Le travail consiste  à s’ouvrir à lui en s’ouvrant préalablement à soi-même. »

Le clown naît du plaisir qu’a l’acteur à « faire l’idiot » pour faire rire le public. Le nez rouge permet à l’acteur de trouver la distance dans le jeu, de goûter la liberté de faire des blagues et être heureux de tourner en ridicule ses propres petits travers pour le bonheur de spectateurs.
Porter des costumes stupides, imaginer de nombreuses blagues, jouer avec sincérité, légèreté sont quelques uns des moyens de découvrir son propre clown.

Ce stage s’adresse aux étudiants en formation théâtrale et aux acteurs qui souhaitent éveiller et développer leur imaginaire, leur présence sur scène, étendre leur éventail de jeu par la découverte de leur propre clown ou par le simple plaisir « spécial » de jouer en empruntant la voie du nez rouge.

Enseignement

Il se compose d’un entraînement énergétique et de jeux qui amènent l’acteur à renouer avec la liberté corporelle qu’il avait enfant en changeant ses habitudes physiques et de se rendre ainsi disponible et « neuf » pour l’initiation au jeu clownesque et à ses mécanismes. Afin de préparer l’acteur au clown nous entrerons dans le jeu, ses règles et ses plaisirs par des improvisations où il est seulement question de découvrir sa beauté sur scène, laisser libre cours à son imagination et à sa fantaisie, rendre son partenaire et le public heureux.

La préparation physique
Elle est axée sur les notions suivantes :

  • construction du centre de gravité (triade cv+hara+sacrum) et enracinement
  • assouplissement, tonification, dissociation des principales parties du corps en vue d’un jeu essentialisé et ciselé
  • respiration abdominale (C et MN) respiration diaphragmatique(MN) dans le mouvement
  • apprentissage de la lenteur «  pour une conscience du mouvement et  son élaboration »
  • résistance, TIRER/POUSSER « les deux grandes actions qui résument la vie de tout être humain » (MN)
  • ÉCOUTE et REGARD, préalables à la création d’un espace dramatique perceptible par l’acteur et le spectateur (MN)
  • poids et contre-poids, équilibre/déséquilibre, « le drame s’invite dans le corps de l’acteur »
  • dynamo-rythme du mouvement, « la musique de l’histoire ».

La pratique du jeu clownesque et ses règles

  • débrider son imagination par le port du nez rouge, du costume, par la fabrication d’une voix, la déformation de la bouche et l’invention d’une gestique nouvelle
  • créer une équipe avec son /ses partenaire(s) : écouter, voir, improviser ensemble
  • entrer en scène : un rituel , un espace, un élan de jeu
  • définir son rôle par un corps clairement dessiné
  • jouer avec le public, partenaire privilégié du clown inventer un début de numéro clownesque

Le temps de création personnelle : créer un numéro de clown.
Temps dédié à la recherche personnelle: en solo ou en duo les étudiants s’amuseront à construire un numéro clownesque à partir des bases explorées laissant libre cours à leur fantaisie et leur folie.